Aujourd’hui, était mon 3731ème jour, un jour pas comme les autres, le jour de «MON» toilettage, «MON» moment privilégié, à moi, rien qu'à moi et à ma maîtresse, le jour du Toutou Folie's.
Mon maître rentre enfin du travail.
- Bonjour chéri, ta nuit c'est bien passée ? demande ma maîtresse à mon maître.
- Classique ! La tienne n'a pas été trop mouvementée ? répond mon maître à ma maîtresse.
- Et Blablabla, et Patati et Patata...
Je lui fait la fête, il ne réagit pas, je lui dépose monsieur gris (c'est ma peluche du moment) et la encore il ne réagit pas.
Il s'allonge sur le canapé et s'endort en chien de fusil.
J'ai faim. (+ 14 croquettes)
J'ai faim, encore. (+ 3 croquettes)
J'aboie, juste comme cela, parce que cela me détend les cordes vocales. Mon maître se réveille.
Mon maître a marché dans mes croquettes au poulet.
Nous partons en ballade dans le parc au bout de la rue, après les deux stops, les 17 réverbères, le territoire de Max le Briard, le transformateur électrique où j'ai mes habitudes et les deux châtaigniers.
J'ai croisé l'écureuil du parc que j'ai manqué d'un poil (#@*=£° d'écureuil).
J'ai soif, j'attends ma maîtresse. J'aime bien attendre ma maîtresse quand j'ai soif.
J'ai envie de chasser, hop ! Croquettes au poulet.
Ma maîtresse rentre avec mes petits maîtres.
À table ! Mon maître a dressé la table et servi le déjeuner.
Je sors de la maison ventre à terre et me précipite au fond du jardin.
Je gratte à la porte pour rentrer.
J'attends devant la porte. J'aime bien attendre devant la porte quand j'ai...
Je vais chasser la croquette, chouette, de la pâté avec des croquettes.
J'ai une pêche d'enfer, je pourrais déplacer des montagnes, j'ai envie de courir, de …
Je me réveille dans la voiture, j'entends la voix de ma maîtresse, elle conduit.
J'ai faim. J'attends mes croquettes. J'aime bien attendre mes croquettes quand je suis en voiture et que ma maîtresse conduit.
Cela fait quelques minutes (pour un chien de moins de 15 kilos et âgé de 10 ans, vous multipliez par six) que nous avons laissé la voiture et maintenant nous sommes à pattes (chez moi c'est une habitude).
Soudain, je le vois. Il est là, grand, magistral, immense devant sa porte, il m'attend (je vous rappelle que je ne fais que 37 cm). MON toiletteur.
MON toiletteur, c'est comment vous dire! C'est le spécialiste du bien-être canin, de la beauté «COCKER», du coup de ciseau «YORK», du brushing «CANICHE», du trimming «WESTIE». Si vous passez votre vie à quatre pattes et que comme moi vous faites moins de 20 kg, c'est le virtuose du pelage, le Michel Ange du brossage, le Attila des nœuds, un bien-fait de la nature à lui tout seul, cet homme là. Il shampooine et sèche comme personne. Et nom d'un semblable, j'aime attendre quand il me sèche.
Je regarde ma maîtresse. Je penche la tête sur le côté. C'est un truc que j'ai appris tout petit et qui rencontre toujours un franc succès. Elle me tend une poignée de croquettes, quatre au total. Super, cela marche encore. Dans dix minutes, je réessayerai.
MON toiletteur me sent nerveux. MON toiletteur me rassure, MON toiletteur a des gestes doux. Je suis content.
MON toiletteur me porte jusqu'à la table de toilettage. MON toiletteur n'a pas de mal à me soulever, je ne fais que 14 petits kilos pour 37 cm (pour mon poids, je vous dispense de multiplier par six).
Ma maîtresse discute avec MON toiletteur.
Je penche la tête sur la gauche, elle me rejoint aussitôt. Je vous l'ai dit, le truc de la tête sur le côté, cela marche du tonnerre. MON toiletteur dit qu'aujourd'hui il a fait une coupe aux ciseaux à deux CAIRNS ce matin, et que depuis le début de semaine, il s'était occupé d'un YORK TERRIER et de quatre WESTIES.
Je renifle le salon et je sais que Bonsaï était là il n'y a pas six heures (prenez donc cette habitude de tout multiplier ou diviser par six). MON toiletteur dit que demain il aura une grosse journée. Il prépare un caniche pour un concours. Je sais de qui il parle, c'est ma copine Cerise qui est un CANICHE Abricot de... … cela ne se dit pas chez les dames.
Cerise pour un Caniche abricot, je me demande ce qu'ont tous ces maîtres à faire des jeux de mots sur nos comptes. Ils en profitent, ils se disent que cela est mignon, que cela nous va si bien, surtout lorsque nous sommes chiots.
Ne vous étonnez plus alors que l'on vous jappe au nez...
Je me pose une question.
Cela pèse combien, une grosse journée ?
Je suis sur la table. Ma maîtresse me regarde. Je suis content. Je glapis. J'ai faim. Tout se mélange dans ma tête.
Ma maîtresse est à mon coté, MON toiletteur prépare ses produits démêlants, mon shampooing spécial, ses cardes, ses peignes, son trimmer moyen, sa pince à ongles, ses ciseaux courbes, ses ciseaux crantés... Ma maîtresse me tend une forme sphérique et molle, blanche et verte. Woaf !!! Un nouveau jouet. MON toiletteur m'installe et commence par m'épiler le dos couleur golden, au trimmer. MON toiletteur applique un premier spray démêlant sur le reste de mon superbe pelage, parce que je le vaux bien !
MON toiletteur a sorti mon shampooing et m'installe dans la baignoire. L'eau est terriblement tiède et ses mains... Je vous ai dit que ses mains étaient comme un rêve, une chose qu'il est difficile d'expliquer. Chacune de ses mains est un instrument génial, un stradivarius qui ne se désaccorde jamais et dans lequel je vibre.
Je suis détendu des racines aux fourches. Encore soixante* minutes de shampooing et on rince (* / 6).
L'eau est encore plus tiède.
J'ai faim. J'aime bien qu'on me rince quand j'ai faim.
Re-shampooing, re-massage du système pileux et là je suis littéralement liquéfié, des racines jusqu'aux fourches. Je laisse échapper un petit vent, je suis hyper détendu.
L'eau est extrêmement tiède.
Serviette encore plus tiède. Je suis encore dans la baignoire et MON toiletteur me sèche tout d'abord avec la serviette. MON toiletteur me tamponne, MON toiletteur me cajole, MON toiletteur me dorlote, j'ai du mal à contrôler mes postérieurs.
J'ai faim, j'ai faim, j'ai faim, j'ai faim... MON toiletteur me pose délicatement sur la table de toilettage. J'aime la serviette tiède et moelleuse, le séchoir/pulseur silencieux avec son contrôle de température... Mais là, j'ai faim.
Je regarde ma maîtresse, la tête légèrement sur le côté et hop,... … Bon je mâchouille mon jouet. Mon toiletteur me sèche et me démêle les poils simultanément. De mignonnes petites touffes de couleur golden, quoique plus claires, tombent sur le sol. Je me sens moins à l'étroit dans ma fourrure. MON toiletteur a une main à chien.
MON toiletteur me donne une petite caresse, et fait virevolter les ciseaux sculpteurs, les ciseaux droits, et les ciseaux à effiler. J'aime ces moments-là ! On est là, tous ensembles, ma balle sur le sol, les regards qui se croisent. C'est toujours les mêmes gestes. D'abord la patte avant gauche, l'antérieur, l'avant-main et puis la patte droite, toujours. Et puis les postérieurs, toujours (c'est la technique dite à la ZIDANE). Je sens diminuer le volume des franges du ventre et ma silhouette se dessine de plus en plus. Je me pose alors la question que tout chien de ma condition, de ma race et de ma stature est en droit de se poser.
Reste-il encore des croquettes ?
Et Blablabla, et Patati et Patata... Qu'est-ce que ça parlent les humains.
Je regarde le mur et je « vois » des photos de compagnons canins forts bien toilettés. Il me semble reconnaître Cerise. J'ai une vision du monde qui diffère de la vôtre, vous savez. Mais il me semble bien que c'est elle. C'est dommage que vos photos ne sentent rien.
Je fais ma troisième pose. Les proportions sont là, la hauteur du garrot est idéale, le pli du coude est impeccable. MON toiletteur c'est MON Karl Lagerfeld du toilettage : « Le corps "mode" aujourd'hui, c'est une silhouette faite au moule, d'une étroitesse incroyable, avec des bras et des jambes interminables, un cou très long et une très petite tête. Il ne faut pas avoir d'os trop larges. Il y a de choses qu'on ne peut pas raboter. »
MON toiletteur forme la casquette avec sa paire de ciseaux sculpteur. Jolie dôme.
La tonte du sternum jusqu'au museau, l’épilation au dessus me donne un cou très long. J'ai une pensée pour toi, Karl.
MON toiletteur coupe les poils autour des coussinets après avoir fait... Vous savez... Mon hygiène... Vous voulez que je vous fasse un dessin, cela se passe autour de mon... Ne faites pas semblant de ne pas me comprendre.
Je baille. J'ai faim. Je veux des croquettes, celles au bœuf. Une silhouette pareille se respecte.
Je me sens incroyablement détendu, un peu fatigué et beau, et pas nécessairement dans cet ordre précis. Je demande à descendre de la table. MON toiletteur me dépose à terre, me décoiffe un peu la casquette. Je le regarde, je regarde ma balle, elle sent le bœuf, j’hallucine, j'ai trop faim, j'aime avoir trop faim lorsque je regarde ma balle.
... Demain c'est mon 3732 eme jours
10, rue de bienne
67000 Strasbourg
Appelez Nathan au:
03 88 24 58 38(sur rendez-vous)
08h05
Je suis debout depuis le lever du jour, j'ai fait 17 fois le tour de la cuisine, mangé 18 croquettes et bu 3 fois.
Je suis excité comme une puce (c'est une façon de parler).
Mes petits maîtres sont partis à l'école.
Ma maîtresse s’apprête à partir au travail et nous petit-déjeunons ensembles (céréales et jus d'orange pour elle, croquettes et eau du robinet pour moi).
Cela n'a pas de goût les céréales.